En 2017, j’ai quitté mon job pour… marcher sur le Chemin de Compostelle. J’ai laissé de côté la question de comment gagner sa vie, s’insérer socialement, quoi faire, pour m’offrir ce dont je manquais le plus : du temps et de l’espace.
Deux mois après mon retour du chemin de Compostelle, j’entre dans une librairie qui attire mon regard. Je dis au libraire que je cherche un livre pour une amie, qui aime marcher.
Il me tend un livre de Sylvain Tesson et me demande :
– Vous aussi, vous marchez ?
– Oui j’ai marché pendant 4 mois.
– 4 mois, wow ! Donc vous avez tout quitté ?
– Oui, en quelques sortes.
– Et vous faites quoi maintenant ?
– Je réalise un film sur ce Chemin !
– Super !
Il marque un blanc d’une seconde et ajoute :
– Et vous travaillez ?
– Oui, je travaille à réaliser ce film en ce moment.
– Et comment vous gagnez votre vie ?
– J’ai travaillé pendant 7 ans dans un secteur bancaire, j’avais un bon salaire, donc je puise dans mes économies.
Ses yeux s’écarquillent. Il surenchérit :
– Vous savez, Madame, il faut s’insérer socialement.
Je remet le livre dans le rayon et le salue.
En reprenant ma route, je me dis que si tous les artistes avaient d’abord pensé à gagner leur vie avec leur art, à s’insérer socialement avant de se lancer, il n’y aurait pas beaucoup de musique, de peintures, de films et de livres dans ce monde.
Ces œuvres existent car à un instant T, une personne a considéré qu’écrire, peindre, filmer, chanter comptait plus que tout le reste.
Et au fond qu’y a-t-il de plus important ?
Qu’y a-t-il de plus important que de laisser émerger ce qui cherche à s’incarner à travers soi ?
« Quelqu’un qui ne laisse pas la réalité déranger ses rêves est un sage. »
Christiane Singer
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Merci à Alexandre Sattler pour la photo ci-dessus.
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